LesGensDeLaCom : Armand-Thierry Nguele , DG du Studio Darthie

Aujourd’hui nous allons à la rencontre d’Armand-Thierry NGUELE qui manipule avec humilité et créativité le pouvoir des mots et des images pour améliorer notre environnement visuel.

OA : C’est quoi être créatif au sein d’une agence digitale ?

Armand-Thierry NGUELE : Je pense que tout est dans le mot ; Le créatif, c’est un fou dans une agence qui imagine des concepts en fonction du brief ou du besoin que le client transmet. Les concepts peuvent être au niveau du print, se décliner sur le web,  le digital, et le textile. 

OA : Pourquoi avez-vous souhaitez monter un studio de création

Armand-Thierry NGUELE: Darthie est un studio de création, nous ne sommes pas une agence-conseil en marketing et communication. Rien dans mon parcours ne pouvait prévoir une telle activité. C’est  un client qui m’a obligé à ouvrir ce studio  parce que je devais me faire  payer. Il m’a donc fallu transcrire tout ce que je faisais en freelance dans une personnalité morale. C’’est comme ça que Studio Darthie est né en 2012.

OA : est-elle agrée? Si non pourquoi ?

Armand-Thierry NGUELE: La mission première d’une agence est d’accompagner dans la gestion et la mise en place et le développement de l’image de marque d’une organisation, alors qu’un studio de création favorisera la production d’outils de communications fidèles à l’image de marque. Un studio de graphisme, une agence de publicité et un département interne (marketing, communication, graphistes à l’interne…) peuvent tous collaborer puisque chaque expertise est complémentaire. C’était ça notre positionnement de départ. Jusqu’ici dans nos projets, on n’a jamais eu l’intention d’être une agence-conseil parce que ça demande des compétences qui ne sont pas prioritaires pour le moment ; Mais l’évolution des activités aujourd’hui nous fait constater qu’effectivement, on doit aller plus loin que ce qu’on fait aujourd’hui et prendre un agrément comme tout le monde le fait.

OA : Quelles sont les qualités qu’un bon créatif doit avoir ?

Armand-Thierry NGUELE: La première qualité, c’est la culture personnelle; on peut avoir tout le talent qu’on veut, mais si on n’est pas cultivé, ça se ressentira sur les rendus. Je connais beaucoup de créa qui ne lisent pas, qui ne vont pas sur des sites internet d’actualités et autres et qui se contentent de leur suite logicielle. Il y a des concepts qui viennent simplement du fait qu’on ait regardé un film, qu’on n’est  lu un roman ou écouter une musique. Donc pour moi l’essentiel c’est la culture.

Deuxièmement, Il faut avoir une bonne de dose de folie. Si on observe bien et de manière générale, les créatifs les plus connus ou ceux qui proposent des concepts assez dingues sont très souvent des personnes atypiques, parfois difficiles à capter. Mais c’est justement dans cette folie là qu’ils vont chercher les concepts publicitaires ou de communication. Bien entendu, il faut se former à ce métier parce que s’en est un. Et les outils en ligne ne manquent pas.

OA : Quelles sont les études que vous avez effectuez?

Armand-Thierry Nguele : Je suis un littéraire de formation, j’ai fait un bac A parce que j’adorais la philosophie et le français. Plus jeune j’ai beaucoup dessiné ; Mais mes parents avaient des rêves pour la fonction publique. Ils m’ont fait faire du droit et donc j’ai fait trois années de droit ici à l’université de Douala ;  Mais je n’arrêtais pas de faire du dessin à la maison. Après la fac de droit, je me suis intéressée à la création d’entreprise ; Je me suis inscrit à L’UIT et j’y ai fait trois ans dans le département de gestion et administration des petites et moyennes organisations. Je pense que ce qui m’a le plus séduit lors de cette formation c’était la création d’entreprise.  C’est en autodidacte que j’ai réellement appris mon métier, j’ai acheté des bouquins, je me suis formé en ligne. J’ai appris tout seul, mais bien attendu en évoluant, on fait des rencontres, on discute avec des gens qui ont une certaine expérience. 

En bref c’est ça mon parcours, je n’ai pas une formation spécifique de publicitaire, mais j’avoue qu’effectivement si j’étais orienté dès le bas âge vers ce métier, je serais allé beaucoup plus vite et beaucoup plus loin parce que je pense que j’avais ce truc-là.

OA : Pensez-vous que la création publicitaire peut changer la société ?

Armand-Thierry Nguele : Forcément ! Je pense que quand on regarde la dernière campagne présidentielle, il y a des candidats qui n’ont pas eu d’impact ; Simplement parce que visuellement, leur campagne ne cadrait pas avec le message qu’ils voulaient renvoyer. Il y a des symboles, des formes, des couleurs qui passent des messages subliminaux. On peut transformer la manière de penser des autres. 

OA : Face à la banalisation du digital au Cameroun, comment redonnez-vous le rôle central à la créativité ?

Armand-Thierry Nguele : C’est une question très complexe ;  Je dirais que c’est bien que le digital se banalise chez nous parce que ça va entrer dans les mœurs, les gens vont se l’approprier et progressivement vont distinguer du bon grain. Donc fermer la porte au numérique simplement parce que ça grouille de bluffeurs serait un tort. Il vaut mieux laisser que ça bouillonne comme c’est le cas. Les organisations qui savent vraiment ce qu’elles  recherchent dans un projet digital. Ils savent où aller et savent qui toucher. 

OA : Quels sont les projets qui vous ont marqué ?

Armand-Thierry Nguele : Nous sommes  un studio de création, mais il nous est arrivé de challenger des agences beaucoup plus grandes sur des marchés très importants et de voir notre proposition passer. C’est fou, mais je pense qu’en interne ce sont des choses qui parfois nous font sauter de joie. Ça me rappelle des projets comme ENEO, Hysacam et bien d’autres où nous sommes  parti de rien, on a fait des logos, chartes graphiques et autres. Et tout récemment BEETLE la holding qui gère BROLI nous a pris sur un projet de six sites internet, six chartes graphiques et on a réussi à faire ça avec un budget que nous n’allons pas bouder ici. On a également nos propres projets comme la plate-forme Label Digital qui nous permet d’accompagner plus de 700 artistes aujourd’hui dans la vente des musiques en ligne et le marketing musical.

OA : Les 3 dernières campagnes que vous avez aimé ?

Armand-Thierry Nguele : Sur le plan local, l’actuelle campagne de MTN. Également la campagne TOP, j’aime bien cette dernière, surtout au niveau du rendu photo, c’est très professionnel.

OA : Quelle est votre vision de la publicité ?

Armand-Thierry Nguele : Je pense que c’est un métier tellement ouvert et je trouve juste que ça manque de folie chez nous. Peut-être que c’est le client qui ne le permet pas. Mais moi, je vois la publicité comme un métier qui bouscule les limites et où on se lâche à fond.

OA : Un dernier Mot! 

Armand-Thierry Nguele : Si un way brule en toi Gars ! Faut y aller. Après ça passe ou ça casse. Quelqu’un disait, il vaut mieux échouer que de ne pas essayer de réussir, donc je suis dans cette logique-là.

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