Omenkart : Quelle est votre définition du métier de » Directeur Artistique » ?
Joel Douho : Je pense qu’il faut le définir en fonction du contexte, car la direction artistique peut s’appliquer à tout : mode, automobile, publicité etc. Mais en gros, un directeur artistique c’est une personne qui a une sensibilité, un regard, un feeling, une façon de voir les choses. Il a la possibilité de proposer des idées, des concepts qui vont s’adapter et répondre à des problématiques de marchés en interrogeant l’art et la création. Bien entendu, il faut toujours garder à l’esprit que chaque marché a ses réalités.
Omenkart : Sachant que l’univers de la communication au Cameroun n’est pas assez créatif, quel est votre processus de création ?
Joel Douho : En général le directeur artistique vit le métier tous les jours. Personnellement je n’ai pas le regard d’un profane. Je ne vois pas les choses comme monsieur tout le monde. Je décrypte les choses et je me réinvente. Ma force réside dans mon hygiène de vie, je suis de ceux qui se lèvent tôt. Généralement entre 4h et 6h je fais du benchmark et je lis beaucoup. Ce qui fait que le matin au bureau j’ai la fraicheur d’esprit. Ayant passé un bon bout de temps en agence, j’ai côtoyé beaucoup de jeunes et chaque jeune a son empreinte propre, les techniques ne sont jamais les mêmes. J’ai eu le temps de les observer dans leur travail ; et de tout ça j’ai fait des synthèses, j’ai mélangé des styles pour trouver ma méthode à moi qui jusqu’aujourd’hui ne me trahit pas.
Omenkart : Quel est votre regard sur le paysage publicitaire camerounais ?
Joel Douho : Lorsque je l’observe, je comprends qu’il y’a encore beaucoup à faire chez nous ! Ceci n’est pas forcément dû à l’incompétence des professionnels ou à leur manque de volonté, mais du fait que le top management n’est pas encore prêt à assumer un certain nombre de choses et ça crée une certaine frustration chez les créatifs généralement. Le marché camerounais lui-même est encore en plein essor et les mentalités évoluent progressivement ! Heureusement les jeunes créatifs ont compris qu’aujourd’hui il est souhaitable pour eux de s’exprimer via des initiatives personnelles ce qui leur confère plus de liberté pour aller au-delà des sentiers battus!
Omenkart : Pour vous, quelles aptitudes doit-on développer pour être un bon directeur artistique ?
Joel Douho : Déjà il faut se cultiver et être attentif au monde qui nous entoure. Il faut avoir un regard artistique, et penser à se spécialiser car on ne peut pas être expert de tout ! Ce métier nécessite de la patience car cela prend du temps.
Omenkart : Un mot de fin ?
Joel Douho : Tout d’abord, je souhaite vous encourager pour cette initiative, car on ne voit pas souvent ceux qui se cachent derrière les œuvres publicitaires. Ceci confirme l’évolution du milieu, ce qu’on voit ailleurs on le fait déjà ici. Ensuite, je dirais que le cimetière des idées rejetées est plein mais qu’il ne faut pas pour autant désespérer, toujours aller de l’avant !