LesGensDeLaComm : Jean-Pierre BOEP, Directeur de l’Agence créative de marketing digital Mystic ODB.

Jean-Pierre BOEP , apporte aussi son expertise en tant que consultant auprès d’entreprise et personnalité dans le domaine de la transformation digitale , marketing et communication.

Omenkart : Quelle est votre définition du marketing digital ?

Jean Pierre BOEP : A l’instar du marketing classique, la marketing digital doit pouvoir réaliser une adéquation entre une offre et une demande.

La spécificité du marketing digital est qu’elle apporte des éléments nouveaux qui ont un rapport précis avec l’expérience client. Il crée un lien direct et presque permanent avec les cibles en ligne.

Faire du marketing digital, c’est répondre quotidiennement à la question : Comment je fais vivre à mes cibles en ligne , une expérience unique , maintenue et soutenue ?

Omenkart : Quelle est votre analyse du marketing digital au Cameroun ?

Jean Pierre BOEP : Poussive mais progressive. Il y’a de cela 6 ans encore lorsqu’on a vraiment commencé à en parler , c’était une nébuleuse. Aujourd’hui on en parle beaucoup plus mais c’est très poussif. Poussif pour plusieurs raisons ; Parce que ça prend du temps pour les professionnels d’apprendre les Best practices, d’acquérir la formation qu’il faut , le mindset. Sans oublier le paramètre contextualisation dans un environnement précis

Il faut du temps pour que les acteurs de notre environnement trouvent une sorte d’état d’esprit collectif qui leur permet d’être plus créatifs.

Aujourd’hui ce qu’on peut reprocher à l’application du marketing digital au Cameroun est qu’il n’est pas créatif et très basique. Nous observons des reproductions de modèles déjà vus, non contextualisés.

Nous remarquons quand même que les acteurs commencent à se rendre compte qu’il faut de nouvelles règles, une approche plus créative , parler à la cible de manière différente. Je pense que nous sommes dans une période de transition qui verra arriver d’ici deux ans , de nouvelles formes d’expression mieux contextualisée , plus créative des marques et d’entreprises sur le digital.

Omenkart : Pensez-vous qu’au Cameroun nous puissions avoir une campagne 100% digitale ?

Jean Pierre BOEP : Oui, bien-sûr. Après, très peu d’entreprises peuvent se permettre ce must de ne faire que du 100% digital. Parce que le digital doit toujours ou dans une certaine mesure être soutenu par les médias classiques pour avoir toute son efficacité.

Pour avoir une campagne 100% digitale, il faut aussi en avoir les moyens, les budgets qui vont avec et surtout la maitrise des métriques de fonctionnement. Le digital étant quelque chose d’extrêmement précis, on peut à la virgule près , savoir avant même un début de campagne , en fonction de combien on veut investir , quel sera le retour sur investissement.

Il faut aussi se donner les moyens de faire ce travail pour pouvoir avoir une observation à 360° de ce type de campagne.

Omenkart : Les campagnes digitales s’appuient souvent sur des influenceurs, Quelle est votre définition d’influenceur ?

 Jean Pierre BOEP : Un influenceur est une personne qui maitrise bien sa communauté.

L’influence n’a pas toujours un rapport direct avec le nombre de personnes qui constitue sa communauté. L’influenceur doit avoir la capacité de mobiliser sa communauté en fonction des attentes de la marque ou des produits qu’il représente.

Baser uniquement sa communication digitale sur une campagne digitale est extrêmement risqué. Il faut pouvoir mettre en place des leviers et éléments qui permettent de mesurer cette influence.

Au Cameroun, les influenceurs sont à sectoriser. Dans tout ce qui est jet set et monde de la nuit, nous avons des Coco emilia , Nathalie Koah. Moi je mesure l’influence à une personne qui est capable de dire : Je serais à tel endroit, à telle heure, retrouvez-moi ! Au-delà de la visibilité et de la notoriété de la marque, les entreprises veulent vendre et faire du chiffre d’affaires. Dans cette optique, l’influenceur doit aider chaque entité à atteindre ses objectifs. Dans le secteur de l’entertainment et de la musique, nous pouvons citer Locko , Tenor , Mister Leo.

Omenkart : Récemment vous avez mené la campagne de communication digitale d’un candidat aux élections présidentielles passées, quel était votre travail au quotidien ?

Jean Pierre BOEP : Le travail était de rendre visible la communication de ce candidat sur les canaux digitaux et de gérer toute l’équipe digitale. En gros, il s’agissait de définir la stratégie de communication du projet de société de ce candidat auprès des différents électeurs sur le digital.

Omenkart : Quelle est la différence entre une campagne menée pour une personnalité et celle menée pour une marque ?

Jean Pierre BOEP : La différence se situe surtout au niveau des objectifs qui sont fixés. Mais en réalité l’essence est la même, vendre un produit.

Le challenge en ‘vendant’ une personne est le fait que différents éléments entrent en jeu : l’environnement socio-culturel, la passé de la personne, ses déclarations antérieures, son personal branding.

La campagne digitale d’une personnalité politique ou publique doit construire des attributs à l’image de marque parallèlement à la communication instantanée qui se fait.

Omenkart : Quels sont vos role models dans ce metier ?

Jean Pierre BOEP : Je n’ai pas de role model si il s’agit de personne physique dans ce métier, mais plutôt des role models en termes d’entreprises qui font un excellent travail. Je peux citer Coca-Cola, Redbull , Mc Donald’s à l’international.

Omenkart : Quels sont les conseils que vous pourrez donner à un jeune diplômé qui voudrait faire carrière dans ce domaine ?

Jean Pierre BOEP : L’idéal serait pour toute personne de se trouver un parcours propre à lui. Et c’est ça qui fait toute la différence ; la création d’une identité propre. Maintenant, nous avons des éléments qui ne varient pas : La patience, la rigueur, l’abnégation, l’humilité, le travail. Un point central à noter est aussi de croire en soi et de forger sa propre histoire, se tracer un chemin. Il faut que chaque jeune sache quelle est sa vision ? Où est ce que je vais ?

Nous avons des jeunes qui sont très brillants dans tout ce qui est créativité, rédaction mais qui ne vont pas se focaliser sur leurs aptitudes parce qu’il faut trouver un travail , parce qu’il faut vivre. Et cette manière de voir pousse les jeunes à faire des métiers qui ne les rendent pas heureux. Quand on est pas heureux, on est pas productif. Chaque jeune devrait mieux se connaitre afin de trouver sa voie.

Omenkart : Quel est votre mot de fin ?

Jean Pierre BOEP : Nous avons beaucoup de choses à faire sur le digital au Cameroun et en Afrique de manière générale. Il faut qu’on soit plus passionné, en ayant un mindset de révolutionnaire, casser les codes, faire de manière différente. Ne pas juste entrer dans le domaine parce qu’on a trouvé un gagne-pain, parce que tout le monde cherche un community manager.

Chaque interessé devrait pouvoir marquer les camerounais grâce à des  campagnes originales, bien structurées et bien élaborées. Je me rappelle de (02) campagnes digitales remarquables. « Eto’o Peut » de MTN Cameroon et ‘Je cree tomorrow ‘de Vodafone. Tout jeune acteur du domaine doit se référer à ces campagnes et proposer d’autres qui sont encore meilleures.

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